Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/310

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gaillard râblé, chez qui les plus jolies femmes de Paris ont défilé, et pas seulement pour se faire peindre… Watelet est un malin : il affecta d’abord l’indifférence, en face des coquetteries d’Isabelle. Et te figures-tu ce que cette toquée s’avisa d’accomplir, afin de séduire entièrement son peintre ?… Sûre de sa beauté irréprochable (il y trois ans que cela s’est passé : à cette époque, Isabelle n’avait que trente-sept ans) elle lui proposa de lui servir de modèle et elle s’exhiba sous ses yeux, nue comme un ver ! Watelet, paraît-il, fut enthousiasmé : Isabelle révélait une académie splendide. Aussitôt, il se mit à l’œuvre ; les séances se renouvelèrent, le modèle recevant sans doute une rémunération de son goût ; bref, Watelet termina une étude magnifique d’Isabelle : Vénus couchée, qui par malheur était d’une ressemblance frappante… et désastreuse. Le patron apprit la chose — comment ? je l’ignore. — Il fit tout au monde pour entrer en possession du tableau, dans le but de détruire cette preuve d’adultère. Monsieur Bouvreuil tient à son honneur moins qu’à sa respectabilité ; de plus, les opinions cléricales qu’il affiche rendraient un divorce difficile (ne parlons point de la dot