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Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/311

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à restituer). Il offrit une somme rondelette à Watelet : malgré ses perpétuels embarras d’argent, l’artiste, se doutant du coup, l’envoya promener en le traitant de vandale. À l’idée de voir son œuvre brûlée ou lacérée, Watelet frémissait de rage. Le seul avantage que le patron put obtenir du peintre fut sa promesse de ne jamais exposer la Vénus couchée, de ne la montrer à personne et de la garder chez lui, soigneusement dissimulée. Voilà l’histoire que me conta Isabelle, durant les premiers temps de notre intimité… Cela te donne une idée du caractère de la femme… Souvent, au journal, un jour de tempête où le patron « m’engueule », ce souvenir m’aide à subir la bourrasque… L’œil soumis, l’échine pliée, je pense : « Allez toujours, monsieur Bouvreuil… Chacun supporte ses petites misères… Et vous ne crâneriez pas autant si c’était Watelet qui fût devant vous… » Car il est peureux, le patron, au fond… C’est amusant au possible, lorsqu’un hasard les place à côté l’un de l’autre, au Vernissage, de voir monsieur Bouvreuil adresser de lâches petits signes d’amitié au peintre Watelet, pour ménager, pour encourager, sa précieuse discrétion, son inestimable silence…