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Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/346

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Julien, pétrifié, m’a écoutée, sans un geste, sans une parole. Il a imploré seulement : « Nicole ! »… d’une voix d’agonie, tout à l’heure. Son visage a pâli, du front au menton ; ses yeux se sont voilés ; et il dodeline un peu de la tête comme un homme qui vient de se cogner. Ses paupières se ferment à demi, avec une expression intense de lassitude douloureuse… Bon comédien ! son masque de souffrance est touchant par sa délicatesse affinée ; son air de frêle chose blessée ; sa faiblesse alanguie, presque féminine.

Il se lève enfin, d’un effort pesant. Il cherche ses gants, son chapeau ; heurte une étagère, renverse un bibelot, avec la hâte maladroite des gens pressés, troublés. Il balbutie confusément :

— Vous avez pu supposer… que moi !… par intérêt… qui vous adore… Ah ! je ne pourrai pas supporter…

Et puis, d’un geste brusque, il semble faire : « À quoi bon ! » Je reste impassible.

Alors Julien fonce sur la porte ainsi qu’à la rencontre d’un obstacle et se précipite au dehors, dans le désordre affolé d’un vaincu en déroute…