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Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/373

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crayonnés — un type d’Espagnole des fortifs. Madame Marthe, sans doute. Tout ce monde s’écarte à notre entrée. Ma robe bruissante, le pendentif de diamant que j’ai oublié de retirer, font sensation : quel effet doit produire sur ces gens une toilette qui a réussi à impressionner la superbe madame Bouvreuil !

Je marche vers le lit, ma main crispée au coude de Paul. Mes yeux agrandis contemplent le cadavre. Entièrement enseveli sous le drap qui évoque le linceul prochain, Julien repose, le visage seul découvert. Son aspect est calme et rassurant. Je me figurais sottement que j’allais subir l’effroi du sang répandu, de la face crispée, des yeux révulsés. Rien de semblable. La tête blonde de Julien Dangel s’abandonne mollement sur l’oreiller. Ses traits sont affinés ; une détente les harmonise et les rajeunit. Le jeune homme est redevenu adolescent ; le charme de la vingtième année pare ce visage pur, cette bouche délicate où les deux pointes de la moustache se posent avec une grâce d’ailes blondes ; cette peau douce ; ces paupières veinées de bleu ; toute cette figure séduisante de gentilhomme d’une autre époque où, demain, la lente pourriture de la putréfac-