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Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/376

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rait… Vous me l’avez pris… Comme vous prenez tous ceux que vous voulez… Je vous déteste, je vous exècre… J’ai menti quand j’ai dit que vous me plaisiez… Je voudrais vous voir devenir affreuse, hideuse… Mauvaise ! Mauvaise ! Mauvaise ! Mauvaise !

Oh ! Les yeux de haine de cette enfant !… Quelle leçon pour vous, tendres curieuses qui feignez des perversités passionnées ; je ne vous souhaite pas de recevoir un de ces regards-là, en paiement de vos caresses sans blessure !… Dérision des féminines amours ; devant l’homme, il n’y a point d’amies : il n’y a que deux rivales. Un chagrin profond me déchire l’âme… Mais je me roidis — par fierté. Je souffre, car je me reproche le mal que j’ai causé involontairement à cette innocente Sylvie… Et je déplore que mon souvenir ne soit plus rien pour elle, en face du défunt victorieux…

Indigné, scandalisé, le père de Sylvie intervient, saisit sa fille qui lui échappe, frémissante et sanglotante.

Alors, s’approchant de Paul :

— Je vous en supplie, monsieur, implore le magistrat, faites cesser cette scène pénible… Emmenez votre compagne.