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Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/377

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Paul, docile, m’entraîne doucement. Oh ! grave et redoutable juge d’instruction, vous qui avez tenu un instant les destinées de Landry Colin et la réputation de Paul Bernard entre vos mains toutes-puissantes, vous seriez-vous douté, austère magistrat, qu’un jour, dans une chambre d’hôtel louche, le hasard vous jouerait le tour de vous placer en posture si humiliante vis-à-vis d’un acteur de l’Affaire Colin ?

Vous priez aujourd’hui un homme que vous avez failli impliquer hier dans votre dossier accusatoire…

Ainsi tourne la boule ronde. Et tous les efforts des humains aboutissent à se jucher à l’extrémité d’une planche mobile, mal équilibrée sur son point d’appui, et à pratiquer ce jeu de la bascule qui divertit jadis leur enfance.

La bonne de l’hôtel nous indique la sortie du corridor, elle grommelle entre ses dents :

— En v’là, un aria !… Il y a des types qui sont sans gêne. Il pouvait bien rester où il était, ce client-là. Quand on a envie de se supprimer, il vaut mieux faire ça chez soi !

Nous échangeons, Paul et moi, un regard d’ironique pitié. Triste regret que suggère