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Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/383

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XVII


Décembre. Il pleut. Embusquée derrière une fenêtre, je regarde l’avenue des Champs-Élysées, brouillés comme une aquarelle délavée ; le va-et-vient des voitures luisantes, des passants ratatinés sous l’averse qui soulève des trombes d’eau grise. N’en déplaise au poète, mon cœur ne reflète point la tristesse de la ville.

Une allégresse irraisonnée m’entraîne à chantonner le prélude de Déjanire entendu hier à l’Opéra.

Il n’y a pas six semaines que l’on enterra Julien… Le malheureux ! Que son ombre me pardonne cette indifférence : pourquoi faut-il que le souvenir de sa mort soit, pour moi, celui d’une nuit d’amour ?