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Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/384

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J’ai eu indirectement des nouvelles de Sylvie. La pauvre petite continue à se désoler ; son père l’a envoyée en compagnie de Fraülein, passer quelques mois dans le Midi, pour dépayser sa peine. Elle doit souffrir d’autant plus, qu’à ses moments de lucidité, elle comprend sans doute le néant stupide des larmes qui pleurent un infidèle, et sent toute l’ineptie d’un désespoir quelle est impuissante à réprimer.

Si elle était laide, je dirais : « Voilà une vieille fille en perspective. »

Elle est jolie : c’est une future Nicole. Encore six mois, et son amertume l’aura cuirassée de mauvaises résolutions.

Elle prendra un amant ou elle écrira ses mémoires. Que l’indulgence humaine l’absolve du second méfait !…

Une auto ronfle devant la porte. Le concierge ouvre la grille ; et, décrivant une courbe savante, la limousine de Paul Bernard s’arrête à trois pas du perron.

Paul entre, — la figure mystérieuse, le sou-