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Page:Marguerite de Navarre - L’Heptaméron, éd. Lincy & Montaiglon, tome IV.djvu/40

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LE MALLADE

Lors seront en paix les discords
Par ung doulx & nouvel accord.

Pour ce que l’âme humiliée
En congnoissance de son riens[1],
Estant de son corps deslyée
Qu’elle l’estime moings que fiens[2],
Soubdain remplye de tous biens
Sera & réunye en Dieu,
Si fort lyée à ses lyens
Que le Diable n’y aura lieu.

Or, quand vous serez dépesché
Du Mallin & de ses tourmens,
Vostre mal, qui vient de péché,
Desnué de ses vestemens
Verrez, & tous ses instruments
Brusler au feu de charité ;
À l’heure sçaurez si je ments,
Car sainct serez en vérité.

Le Mallade.

À vostre parler me consens ;
Possible n’est d’y contredire ;
Je le croy ainsi & le sens
Tant que je pers tout mon martire.
Ô Dieu, qui pour vérité dire
Vostre filz nous avez transmis,
Heureulx est qui seul vous desire
Et en vous seul son cueur a mis !

  1. De son néant. — M.
  2. Que du fumier. — M.