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Page:Marguerite de Navarre - L’Heptaméron, éd. Lincy & Montaiglon, tome IV.djvu/39

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LE MALLADE

Le Mallade.

Non, mais j’ay très bien approuvé
Que le mal fuyt par pascience,
Lequel bien tost j’ay retrouvé,
Me confiant à sa science.

La Chambrière.

Donq, puisque vous congnoissez
D’où tout le bien vous peult venir,
Tous faulx remeddes délaissez
Pour au seur & vray vous tenir.
La foy vous fera maintenir
Et sain & joyeulx en tout temps ;
Si vous y pouvez parvenir,
Vous serez du ranc des contans.

Si en vous pouvez concepvoir
Que Dieu est vostre seulle vye,
Besoing vous n’aurez d’y pourveoir
Ne peur qu’elle vous soit ravye,
Ny n’aurez desir ny envye
De malladye ny santé ;
Ceste vye poinct ne desvye
Quoy que le corps soit tourmenté.

Tous jours vous vous tourmenterez,
Ne regardant que vostre corps ;
Jamais ne vous contanterez
Que ne soyez au ranc des morts,
Mais vous aurez repos alors
Quant à vous mesmes serez mort ;