Aller au contenu

Page:Marie Nizet - Le capitaine vampire.djvu/110

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
99

profilait en noir dans la brume. Il hésitait entre le devoir qui l’appelait parmi ses compagnons et l’amitié qui le retenait auprès de son frère d’adoption. Un soupir du malheureux enfant acheva de le décider. Il arma et déchargea une dernière fois son fusil, et, se signant rapidement :

— Que Dieu leur soit en aide et me pardonne ! s’écria-t-il. Puis, il ajouta : Je reviendrai !

Il souleva sans peine Comanesco qui n’était guère plus lourd que la Mariora.

— Passe ton bras autour de mon cou, lui dit-il.

Mais Rélia n’entendit pas ; et, s’accrochant d’une main aux touffes d’herbe et aux quartiers de roc, enfonçant profondément ses talons dans l’argile humide, Isacesco parvint à conserver l’équilibre et à regagner le fond de la vallée.

Sous un bloc de granit qui proéminait, il aperçut quelques pieds de terrain tapissé de mousse à peine foulée, et, jugeant l’abri à peu près sûr, il y déposa son fardeau.

Pas une tache de sang ne souillait la blouse blanche de Rélia, et, sans l’écume rougeâtre qui s’échappait de ses lèvres, on eût pu douter qu’il fût blessé.

Isacesco écarta les vêtements du dorobantz. La balle avait pénétré dans la poitrine, vers la région du cœur ; la blessure était à peine humide : tout le sang s’épanchait dans les poumons.

Isacesco secoua la tête.

— Blessure mortelle qui ne saigne pas ! murmura-t-il.

Il fit à la hâte quelques pansements qu’il savait inutiles et se mit à ramper entre les cadavres, tâtant avec soin la ceinture des officiers. Il revint bientôt avec une gourde à moitié remplie de selbovitza ; à l’aide de son poignard il desserra les dents de Comanesco et lui introdui-