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Page:Marie Nizet - Le capitaine vampire.djvu/117

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du yatagan caressait les vêtements de Liatoukine.

— Il n’y aura pas deux lâches en présence, pensa Isacesco en se reculant un peu : je ne veux pas le frapper par derrière !

Et quand il n’y eut plus autour d’eux que les morts pour leur servir de témoins :

— Eh bien ! que me veux-tu ? demanda Liatoukine avec placidité.

— Ce que je veux ! s’écria Isacesco d’une voix brisée par la douleur et la colère. Il demande ce que je veux ! Mais, effaceras-tu du front de mon vieux père la marque flétrissante que ton fouet y a imprimée ? Peux-tu me rendre intact mon honneur que tu as jeté en pâture aux chiens qui flattent tes odieux caprices ? Peux-tu me rendre ma Mariora, enfin ? Le peux-tu ?… Et je te pardonne !

— Abrège ! fit Boris en secouant nonchalamment la boue qui souillait ses habits.

— Ma Mariora ! Mais tout l’or de la terre n’eût pu me payer ma Mariora !

— Peuh ! s’exclama le Russe avec un geste d’indifférence, s’il te faut de l’or, on t’en donnera ! Et il fit sonner les roubles que contenait sa ceinture.

Cette nouvelle injure changea le courroux d’Isacesco en une folie furieuse.

Il bondit vers Liatoukine avec un cri rauque.

— Je veux la dernière goutte de ton sang, le dernier souffle de tes lèvres, je veux ta vie ! hurla-t-il.

— Ma vie ? répéta le prince impassible, c’est bientôt dit, mon garçon !

Trêve aux paroles, Boris ! L’un de nous deux mourra, je l’ai juré ! Défends-toi !

Ioan appuya le canon de son revolver sur la poitrine de Liatoukine. Celui-ci haussa les épaules, un sourire