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Page:Marie Nizet - Le capitaine vampire.djvu/118

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mystérieux se joua sur ses traits. Une détonation retentit, la lame du poignard étincela aux rayons sinistres de la lune et le capitaine Vampire, toujours souriant, s’affaissa sur lui-même, sans exhaler une plainte, sans pousser un Soupir.

La sensation chaude du sang qui coulait en ruisseaux sur ses mains ne fit qu’exciter la rage du Valaque. La bague byzantine frappa ses regards ; elle était fort étroite, Liatoukine la portait depuis plus de trois mois. Isacesco, ne pouvant la tirer assez vite du doigt du mort, trancha le doigt et passa la bague, toute rougie, au sien propre. Mais sa vengeance n’était pas satisfaite. Cet homme que les sentiments les plus nobles animaient d’ordinaire, avait pris les allures, les passions du tigre. Il s’acharnait contre ce cadavre et ses ongles fouillaient ces chairs à peine refroidies.

Son yatagan s’enfonça trois fois dans le cœur du prince.

— Pour Mané Isacesco ! hurlait-il d’une voix sauvage, pour Aurelio Comanesco ! pour Mar…

Il n’acheva pas, le sifflement des balles se fit entendre.

Isacesco tomba sur le corps de son ennemi.

 

Le lendemain au matin, quand les brancardiers roumains vinrent relever les blessés, Isacesco vivait encore. On le transporta à l’ambulance ; il avait une balle dans la poitrine, une autre dans le genou gauche : cette dernière ne put être extraite. Une fièvre traumatique violente s’empara du blessé ; les médecins disaient qu’il devait endurer d’atroces souffrances, et, le typhus ayant éclaté dans l’hôpital, Isacesco en fut atteint un des premiers. Pendant trois semaines, il resta en proie au délire le plus intense. La figure grimaçante de Liatoukine ne