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Page:Marie Nizet - Le capitaine vampire.djvu/131

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rantza eut bientôt fait de raconter son histoire. Sa mère fabriquait des fleurs pour les magasins de la rue Mogosoï, son père était employé à l’usine à gaz ; ils étaient pauvres ; ils avaient été riches autrefois, avant qu’ils fussent venus à Bucharest. Spérantza était née au-delà des montagnes ; elle savait lire, écrire, suffisamment compter et soigner le ménage bien qu’elle n’eut que sept ans. Elle avait un oiseau et un chien pour elle toute seule, elle avait aussi une amie. « Une grande amie ! » disait-elle avec un orgueil satisfait.

Au tournant de la rue Tarierei, Isacesco s’arrêta brusquement.

— Eh bien ! Spérantza, où vas-tu donc, ma mignonne ? dit-il.

— Chez nous, mon bon ami, Strada Hagielor, 8, répondit la petite en s’efforçant d’entraîner Ioan. — Isus-Christos ! que tu es pâle ! s’écria-t-elle, est-ce que tu es malade, dis ?

— Non. Mais, Spérantza… cette maison n’est pas uniquement habitée par ton père et ta mère…

— Non certes, mon bon ami ! il y a Mariora Sloboziano qui…

— Mariora Sloboziano !

— Est-ce que tu la connais ? C’est ma grande amie ! Elle est très-belle ; viens : je te la montrerai.

Au trouble profond que les paroles de Spérantza avaient fait naître en lui, Isacesco comprit que son ancien amour n’était pas encore éteint dans son cœur, et qu’il n’eût fallu qu’un regard de Mariora pour dissiper sa colère.

— Non, Spérantza, fit-il d’une voix à peine intelligible, je ne la verrai pas !

— Pourquoi ? insista la petite, elle t’aimera comme je