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Page:Marie Nizet - Le capitaine vampire.djvu/132

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t’aime ; d’ailleurs, n’as-tu pas dit que partout où j’irais tu…

— C’est vrai ! interrompit Ioan. Spérantza l’avait rendu fataliste comme un musulman. — Allons ! pensa-t-il en marchant lentement à côté de la fillette qui enfila la rue Hagielor, c’est qu’il en devait être ainsi !

La maison de Spérantza était une construction byzantine comme il s’en trouve encore dans les quartiers excentriques de Bucharest. Isacesco et sa conductrice traversèrent un couloir étroit qui aboutissait à une cour carrée plantée de buis et de houx.

— Attends ! dit Isacesco à Spérantza comme celle-ci voulait courir vers sa mère pour lui annoncer l’arrivée de ce nouvel hôte. — Mène-moi près de… ta grande amie.

Spérantza obéit et Ioan gravit d’un pas ferme le léger escalier tournant qui conduisait à la chambre de Mariora.

— C’est ici, fit l’enfant en lui désignant une porte peinte en rose tendre. Chut ! elle parle, écoute.

— Non, Baba Sophia, disait une voix dont le son rappela au dorobantz tout une époque de bonheur évanouie, je n’y retournerai que lorsqu’Isacesco sera revenu.

— Isacesco, murmura Spérantza, c’est le nom d’un soldat qu’elle aime et qui l’épousera quand la guerre sera finie.

Ioan lança un regard oblique à l’enfant. — Elle aime ce soldat, dis-tu ?

— Si elle l’aime ! Elle ne veut parler que de lui !

— Tu sais, petite, continua-t-il avec un sourire ironique, Isacesco, c’est moi.

— Toi ! Et Spérantza bondit vers la porte rose tendre ; Isacesco la retint au passage.