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Page:Marie Nizet - Le capitaine vampire.djvu/134

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Baba Sophia, à bout de patience, croisa ses mains derrière son dos et avec un calme feint : — Écoute, mon caporal, dit-elle à Isacesco, si tu n’es venu que pour nous débiter des amabilités de ce genre, m’est avis que c’est grand dommage que tu ne sois pas resté là-bas, comme tant de braves garçons qui te valaient bien !

— Que tu es bien la digne complice de l’autre ! riposta Ioan sans prendre garde aux invectives de la mégère. Il me demandait aussi ce qu’il avait fait. Sais-tu comment je lui ai répondu, Mariora ?…

— Isacesco ! s’écria la fille du pope en s’emparant de la main du dorobantz.

— Arrière ! te dis-je, reprit celui-ci. Et avec une ironie insultante : — Me prends-tu pour Boris Liatoukine ?

— Boris Liatoukine ! répéta lentement Mariora. Je ne le connais pas !

— Ah ! tu ne connais pas Boris Liatoukine, l’homme aux yeux jaunes, l’homme du bois de Baniassa ?

Mariora tressaillit.

— Si fait, mon Ionitza, répondit-elle toute tremblante, je l’ai revu, je…

— Ta main, interrompit Isacesco d’une voix tonnante, Montre ta main !

Mariora étendit machinalement ses deux mains sous les yeux de l’impitoyable dorobantz.

— Et la bague ? fit-il.

— La bague ? oui… c’est vrai ! balbutia Mariora hors d’elle-même, il l’a prise, mon bien-aimé, il l’a prise !

— Ah ! tu l’avoues enfin ! Il l’a prise ! s’écria-t-il avec un rire amer.

— Mon Ionitza, je ne pouvais !… Ses larmes la suffoquèrent, elle couvrit sa tête de son tablier. — Et cela parce que la bague est perdue ! gémit-elle.