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Page:Marie Nizet - Le capitaine vampire.djvu/133

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— Maintenant, laisse-moi seul, lui dit-il, car j’ai bien des choses à conter à Mariora.

Spérantza, qui n’était ni entêtée, ni curieuse, dégringola dans l’escalier en poussant des cris de joie. Isacesco ne voulait pas se donner le temps de réfléchir. La clef grinça dans la serrure : il entra.

— Isacesco !

— Ionitza !

Deux bras nus se glissèrent autour de son cou, un fleuve de cheveux blonds inonda ses épaules et des baisers brûlants passèrent sur son front. Au milieu de la chambre, Baba Sophia, prosternée, priait avec ferveur.

— C’est ainsi qu’elle embrassait Liatoukine ! se dit Ioan. Cette pensée lui rendit toute sa haine.

— Arrière ! s’écria-t-il, arrière, infâme ! Et, saisissant à pleine main la chevelure dénouée de Mariora, il la força de le regarder en face.

— Infâme ! répéta-t-il ; puis il rejeta loin de lui la pauvre fille stupéfaite.

Baba Sophia s’était relevée avec un cri de tigresse.

— Misérable ! glapit-elle, comment oses-tu…

Mariora appliqua ses doigts sur la bouche crispée de la vieille furieuse.

— Tais-toi, marraine, supplia-t-elle : Isacesco est fou !

— Fou ! murmura-t-il en faisant un pas vers elle, oui, je l’ai été quand j’ai cru à vos paroles, à vos serments qui ne sont que parjures, quand je me suis laissé abuser par vos caresses qui ne servaient qu’à mieux cacher vos perfidies ! J’ai été fou quand je vous aimais, Mariora ! maintenant… je sais… j’ai vu !…

— Oh ! mon Dieu ! sanglota la jeune fille, qu’ai-je donc fait ?…