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Page:Marie Nizet - Le capitaine vampire.djvu/147

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se rend tous les mois à Baniassa. Mariora ne songe pas à l’accompagner : elle a juré de mourir sans revoir Bucharest. Elle se signe au seul bruit des éperons d’un Russe, et la vue d’un Cosaque la fait tomber en défaillance.

Ioan a défendu qu’on prononçât le nom de Liatoukine devant elle. Elle a appris à cuire la màmàliga et à confectionner un fromage ; elle ne caquète pas avec les voisines, ce dont son mari la loue beaucoup, et elle n’a plus de paroles amères pour Zamfira qui est venue habiter Craïova avec son père.

On n’a pas reçu de nouvelles de Mitica. Zamfira restera fille (les rubans rouges sont tout à fait jaunes), elle élèvera les enfants de Mariora.

Baba Sophia bougonne et tempête toute la journée ; on lui pardonne ses bourrades continuelles par considération pour son grand âge.

Le vieux Mozaïs est complétement idiot ; il passe des heures entières accroupi au seuil de sa maison. — Serban-Yézid, Serban-Yézid ! murmure-t-il sans cesse en branlant la tête. Puis, soudain, il se lève et prend son bâton. — Où vas-tu, père ? lui demande sa fille. — À Smyrne ! répond-il d’une voix ferme. Il fait quelques pas au dehors et revient se coucher dans la poussière en répétant son éternel refrain : Serban-Yézid !

Domna Agapia a fini par épouser les 8,000 hectares du jeune Décébale Privighetoareano. Décébale fait la navette entre Bucharest et Paris, battant la princesse, corrompant les femmes de chambre de celle-ci et achetant des diamants aux jolies ballerines. Mlle Comanesco pleure nuit et jour, elle est toute maigrie, et quand elle menace de s’en retourner chez son papa, Décébale lui offre le bras pour la conduire à la gare. Elle s’est fixée définitivement à Vienne, où le hasard lui a fait rencon-