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Page:Marie Nizet - Le capitaine vampire.djvu/36

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dait d’une main nerveuse les brindilles de buis de la haie et s’obstinait à regarder le bout de ses pieds, afin, sans doute, que ses amies ne vissent pas les larmes prêtes à s’échapper de ses yeux.

Florica, la framboisière, se mit à chanter :

« L’oiseau jaune prend son essor,
« Et d’un coup d’aile fend l’espace ;
« On dirait une flèche d’or
 « Qui passe ! »

— L’oiseau jaune ! quelle sotte chanson ! fit Mariora. Qui a jamais vu un oiseau jaune fendant l’espace ?

Cette brusque observation excitait l’hilarité des jeunes filles, quand Zamfira, qui depuis quelques instants interrogeait l’horizon, posa sa main sur l’épaule de Mariora, et, du doigt, désignant la route de Bucharest :

— Isacesco ! dit-elle.

Mariora tressaillit et lança un coup d’œil inquiet à la Tzigane, tandis que la bande folâtre s’envolait avec des éclats de rire au milieu desquels retentissait la chanson de l’oiseau jaune.

— Zamfira, fit-elle tout à coup, je ne lui dirai rien !

Zamfira ouvrait la bouche pour répondre, mais la Mariora était dans les bras de son fiancé et la Cendrillon s’en alla à pas lents et presque à regret.

Souple comme une chatte, Mariora se dressait sur la pointe des pieds pour atteindre à la hauteur du dorobantz qu’elle accablait de caresses.

— Tu viens bien tard ! lui disait-elle avec un accent de doux reproche, et elle l’entraîna dans la maison. La nuit tombait lentement et remplissait d’ombre les coins de la chambre. — Baba-Sophia ! cria la jeune fille. Mais Baba-Sophia bavardait chez l’une ou l’autre voisine, et