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Page:Marie Nizet - Le capitaine vampire.djvu/42

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qui me touchait. Il me souleva sans effort, regagna sa place à la table et m’assit rudement sur ses genoux. Je craignais de l’irriter par une résistance inutile. — Regardez-moi, dit-il. Sa volonté semblait être devenue la mienne. Je le regardai, ainsi qu’il l’ordonnait, mais comme il tournait le dos à la fenêtre, je pus voir au loin, bien loin dans la campagne, les hommes qui semaient l’orge. C’était d’eux pourtant que j’attendais mon salut et mes cris n’auraient pu leur parvenir. Je me dis que la seule chose qui me restait à faire était de me recommander à Dieu et je priai. L’homme ne bougeait pas. Mais je ne pus prier longtemps ; un étrange engourdissement s’emparait de moi par degrés : il me semblait que j’allais dormir. J’employai le peu de volonté qui me restait à vaincre ce sommeil qui devait me perdre infailliblement, mais je n’y pus réussir et ma tête alourdie reposa bientôt sur l’épaule de l’homme. Alors…

— Alors ?… interrompit Isacesco d’une voix étranglée. Et ses doigts pressaient avec tant de force le poignet de Mariora que les ongles pénétraient dans la chair.

— Alors, dit-elle, Rélia Comanesco est entré : j’étais sauvée !

Et pleurant et riant à la fois, elle cacha sa tête dans la poitrine d’Isacesco.

— Mon Ionitza, mon Ionitza ! répétait-elle. Lui se laissait faire ; il la contemplait avec un sourire étrange ; il lui semblait qu’il ne l’avait vue de longtemps et s’étonnait presque de la retrouver entre ses bras.

— Rélia Comanesco ! murmura-t-il. En quelque danger qu’il se trouve et quelque service qu’il réclame, cet homme peut compter sur moi ! Et Mitica ? reprit-il aussitôt, où donc était-il pendant qu’on outrageait sa sœur !