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Page:Marie Nizet - Le capitaine vampire.djvu/43

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Une voix douce et qui ne se faisait accusatrice qu’à regret, soupira :

— À Bucharest !

— À Bucharest ? quand sa présence était nécessaire ici ?

— Il dansait la batuta avec des camarades, continua Zamfira toute confuse, ils avaient bu du rakiou… un peu trop peut-être…

Isacesco haussa les épaules et s’adressant à Mariora :

— Ne sais-tu pas le nom de cet homme ? dit-il.

— Non. Comanesco paraissait le connaître, il a prononcé deux ou trois fois son nom, mais ils parlaient une langue étrangère, et j’étais, d’ailleurs, si troublée, que je n’ai pu le retenir… ine… cela finissait en ine, je crois.

Isacesco pensa que le quart des noms russes présentent cette terminaison. Il se fit donner par Mariora le signalement détaillé de l’officier russe, et à mesure qu’elle parlait, il acquérait davantage la certitude que son adversaire du chemin creux et l’insulteur de Mariora n’étaient qu’un seul et même homme.

— Cet homme nous portera malheur ! fit la Mariora. Et comme effrayée par ses propres paroles, elle se rapprocha d’Ioan qui répéta d’une voix sourde :

— Cet homme nous portera malheur !

— Le ciel vous préserve ! dit Zamfira qui, dans sa piété superstitieuse, se leva pour allumer un cierge devant les saintes images.

Mais Isacesco croyait peu au pouvoir des cierges.

— Mariora, reprit-il soudain, pourquoi vouliez vous me cacher ce qui s’était passé ?

La jeune fille ne s’attendait pas à une question semblable ; elle paraissait embarrassée et roulait le coin de son tablier entre ses doigts.