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Page:Marie Nizet - Le capitaine vampire.djvu/44

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— Je ne sais pas ! dit-elle enfin.

Elle ne mentait point cette fois. Elle ne savait pas. Mais cette réponse ne satisfit pas Isacesco dont la physionomie prit cette expression douloureusement ironique qui faisait dire aux filles des environs que le beau dorobantz entretenait des relations avec les zmeïne[1], lesquelles sont, ma foi ! d’assez jolies diablesses.

Mariora devina la pensée d’Ioan.

— Mon ami, dit-elle avec dignité, auriez-vous cru que mon intention fût de vous tromper ?

Pour toute réponse Ioan lui tendit la main.

— Te tromper ! reprit-elle, mais je serai morte de longtemps quand cette vilaine idée me traversera l’esprit. Te tromper, toi ! Si j’étais infidèle pourtant, mon beau dorobantz, continua-t-elle en secouant la tête d’un air mélancolique, est-ce que cela vous ferait bien de la peine ?

— Oui ! dit Isacesco.

— Et vous mourriez de chagrin ?

— Non ! dit-il avec fermeté : je suis plus fort que le chagrin.

— Ah !… fit Mariora avec une petite moue de désappointement qui, en d’autres temps, eût fait rire Isacesco.

— Mais vous me tueriez bien avec votre grand sabre… moi… et l’autre ?

— Toi, non ! l’autre, certes !

— Mais que dois-tu penser de moi et des folies que je débite ! s’écria-t-elle tout d’un coup. Oh ! pardonne-moi. Ma pauvre tête me fait bien mal et, par moments, je crois que je ne sais plus ce que je dis. Il y a une chose qui m’épouvante : cet homme, en me quittant, m’a dit… que je le reverrais !

  1. Zmeïne, féminin pluriel de Zmeù.