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Page:Marie Nizet - Le capitaine vampire.djvu/51

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avouer que les objets qui se partageaient ses affections étaient les épaulettes dorées et les fines moustaches, si une secousse imprimée à sa robe ne l’eût fait se retourner brusquement.

Boleslas Brzemirski était là, confus, rouge et les pieds embarrassés dans les flots de soie rose que la princesse traînait après elle. Il balbutia quelques mots inintelligibles. Agapia fit un léger signe de tête et ramena sa robe avec dignité.

— Quel est cet officier qui se promène avec ma sœur, là, près du buffet, ce pâle avec ces yeux étranges ? dit-elle à Iégor sans plus s’inquiéter de Boleslas. Mais le Polonais revenait du buffet où il avait passé sa soirée.

— Ça ? dit-il en s’inclinant plus bas que ne l’exigeaient le rang et l’âge de la jeune fille : C’est le capitaine Vampire !

Agapia et plusieurs dames laissèrent échapper un petit cri d’effroi.

— Oui, mesdames, répéta le Polonais, c’est le capitaine Vampire !

Iégor considérait avec appréhension la face enluminée et les yeux hagards de Brzemirski.

— Retourne au buffet, lui glissa-t-il à l’oreille.

Mais le Polonais n’écoutait pas.

— Tel que vous le voyez, il est mort et ressuscité au moins trois fois.

— Quelle plaisanterie ! fit une ambassadrice.

Une idée diabolique traversa le cerveau de Boleslas.

— Vous plairait-il que le capitaine Vampire vous fît lui-même l’aveu de ses résurrections successives ? dit-il.

— Certes ! ce serait drôle ! s’écria Agapia. Et avant qu’Iégor eût pu dire un mot pour l’empêcher de mettre