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Page:Marie Nizet - Le capitaine vampire.djvu/53

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— Ah ! ce doit être vrai, Boris Liatoukine ! s’écria-t-il d’une voix étranglée par la colère. — Là, là, voyez tous ! Et ses doigts froissaient la manche du colonel. Là, il a du sang ! Va-t’en ! hurla-t-il exaspéré ; tu sens le meurtre et la tombe !

Liatoukine ne regarda pas même sa manche où se dessinaient les larges taches rouges que l’on se montrait avec plus d’étonnement que d’horreur. Il se dressa de toute la hauteur de sa taille élevée devant Brzemirski et ses yeux plongérent dans les yeux du Polonais fou de rage. Celui-ci voulut parler, étendit ses mains crispées et tomba raide sur le plancher.

Alors ce fut une panique, un sauve-qui-peut général.

Agapia poussait des cris de paon et se cramponnait aux épaulettes d’Iégor. Epistimia se laissa choir gracieusement dans les bras de Liatoukine ; son exemple fut Suivi par un grand nombre de dames qui tombèrent de préférence sur les poitrines des Russes et des hauts dignitaires. Une jolie ambassadrice échut en partage à un vieux sénateur, et le hasard rapprocha deux époux divorcés qui laissèrent faire le hasard. Androclès Comanesco, qui ne voulait pas se compromettre, se tenait à l’écart et parlait de séparer les combattants ! Une comtesse hongroise demandait les gendarmes ; Domna Rosanda, avec plus de logique, faisait chercher un médecin. Quelques dames, plus hardies que les autres, s’approchèrent de Brzemirski étendu par terre sans connaissance, mais, comme il n’était ni beau ni intéressant, elles ne restèrent pas longtemps. Rélia allait d’un groupe à l’autre, murmurant des paroles d’excuses ; c’était peine perdue : les mamans ne voulaient rien entendre et emmenaient leurs filles affolées. Les portes étaient trop étroites pour laisser passer tout ce monde pressé de s’en aller ; on se poussait,