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Page:Marie Nizet - Le capitaine vampire.djvu/65

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— Parti ! parti ! répétait-elle, et ses yeux ne pouvaient se détacher de l’endroit où elle avait vu disparaître Isacesco.

— Voyons, Zamfira, allons-nous-en ! soupira-t-elle ; nous n’avons plus rien à faire ici ! Mais la Tzigane qui avait un cœur aussi (ce dont Mariora semblait ne pas se douter), la Tzigane était tout entière à ses pensées et ne répondit pas.

— Eh bien ! qu’est-ce encore ? fit aigrement Mariora. Redescendez de votre ciel, ma belle, et songez plutôt à vos fromages qui vous attendent et aux nuages qu’Ioan vous a montrés là-bas !

Hélas ! le ciel de la Zamfira était si noir ! Elle tourna son regard, plein d’une douloureuse surprise, vers Mariora. Celle-ci, qui voulait sans doute se faire pardonner ses façons peu gracieuses, passa son bras autour de la taille de la Tzigane et elles remontèrent la Chaussée en silence.

Zamifira était brune, Mariora était blanche ; elle savait que Zamfira lui servait de repoussoir, et elle recueillait avec un secret orgueil les propos flatteurs des jolis messieurs qui se trouvaient sur son passage. Baba Sophia était une gardienne incorruptible qui ne permettait pas que l’on jouât avec le feu, et, sitôt qu’elle voyait poindre la moustache d’un jeune boyard, elle prenait son pas de grenadier et, bon gré, mal gré, il fallait bien que Mariora la suivît. Aussi, quand les jupes de la vieille parente ne frôlaient pas les siennes, Mariora prenait sa revanche et écoutait de toutes ses oreilles… en fille bien élevée et qui a l’air de n’y rien comprendre, s’entend !

Tandis qu’elle comparaît les paroles louangeuses de ces brillants inconnus à la sévérité un peu laconique de son futur époux, comparaison qui n’était pas tout à fait