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Page:Marie Nizet - Le capitaine vampire.djvu/71

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Mariora se tut un instant, puis, avec un air de dédain inimitable, elle tourna sur ses talons et dit :

— Toi, devenir la femme de Mitica, quand ton père ne sait peut-être pas lui-même qui tu es !

Un « hou ! » général de désapprobation accueillit ces paroles injurieuses, et si Zamfira ne les eût retenues, les jeunes filles, qui n’étaient pas fâchées de rabattre un peu l’orgueil de Mlle Sloboziano, auraient prouvé à celle-ci que leur main était pour le moins aussi légère que leur langue.

— Petit cœur lâche que tu es !

— On voit bien que ton frère n’est plus là pour te donner la réplique !

— La réplique… avec autre chose encore que tu mérites bien !

Les épigrammes se croisaient comme les fusées que l’on tirait au loin ; Mariora rougissait et pâlissait tour à tour.

— Adieu ! dit-elle d’une voix altérée, nous nous reverrons ! Et elle se dirigea d’un pas décidé vers les taillis qui s’élevaient à gauche de la route.

— Nous nous reverrons ! c’est ce que disent les messieurs de la ville, quand ils veulent jouer du pistolet après boire, fit Catinca.

— Vos armes ? dit Florica en posant son poing sur sa hanche.

— Votre heure ? continua Ralitza en redressant la tête avec un air de matamore si bien parodié que toute la bande envoya un bruyant éclat de rire aux échos de la forêt.

— Mariora ! s’écriait Zamfira, je ne t’en veux pas ! mais reste avec nous, au nom d’Isacesco, ou laisse-moi t’accompagner !

— Elle s’en soucie, d’Isacesco ! fit Catinca en faisant claquer ses doigts au-dessus de sa tête.