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Page:Marie Nizet - Le capitaine vampire.djvu/72

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Mariora dédaigna de répondre et s’enfonça plus avant dans les buissons.

La clématite et le chèvrefeuille avaient envahi la place et grimpaient le long des vieux hêtres ; Mariora n’avançait qu’avec peine dans ce fouillis de lianes fleuries. Les mains tendues en avant, elle s’efforçait d’écarter les branches rebelles qui revenaient lui caresser la figure. Elle voulait s’éloigner à tout prix de Ralitza et de la Zamfira, et le chatouillement continuel des feuilles lui arrachait des murmures d’impatience. Enfin, les rires ne lui parvinrent plus qu’affaiblis par la distance et la voix plaintive de la Tzigane appelant, par intervalles : « Mariora ! » devint de moins en moins distincte.

Mariora était seule, seule dans le bois de Baniassa à huit heures et demie du soir !

La première chose qu’elle fit fut d’observer le ciel. Un léger vent du sud avait dissipé les nuages gris qui avaient valu une verte réprimande à Zamfira. Mariora parut satisfaite du résultat de son observation ; du ciel elle reporta ses regards sur la terre ; un sentier à peine tracé, des chênes qui avaient vu passer Michel le Brave, partout des halliers.

— Enfin ! soupira-t-elle.

Cet « afin » signifiait qu’elle était bien aise de s’être débarrassée de la compagnie, d’autant plus que cela ne lui avait pas été facile.

— Le soleil est couché depuis longtemps, se dit-elle, mais la lune va se lever qui éclairera ma route. Les jolies fleurs ! Neuf heures ne sont pas sonnées : j’ai le temps de me cueillir un bouquet. Elle se mit à rançonner sans pitié les aubépines, arrachant à droite, à gauche, un peu au hasard. Parfois elle s’arrêtait et secouait la tête comme pour chasser une pensée impor-