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Page:Marie Nizet - Le capitaine vampire.djvu/78

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aperçus rôdant aux environs de la place, on craignait une escarmouche nocturne et les soldats avaient reçu l’ordre de tenir l’œil au guet et d’observer un complet silence. Tous les feux étaient éteints ; une seule des fenêtres d’une grande maison blanche, qui servait momentanément de résidence au colonel commandant roumain Leganesco, s’éclairait d’une faible lueur. La plupart des soldats circulaient l’arme au bras ; d’autres étaient accroupis sur le sol encore semé d’éclats de bombes attestant le siège que la ville avait récemment souffert. Parmi ceux-là se trouvaient les deux amis de Baniassa.

— Deux mois écoulés ! disait Isacesco en secouant la tête, et pas de réponse !

— Bah ! fit Mitica qui trouvait toujours le moyen de tout expliquer, est-ce qu’on se soucie ici des lettres de pauvres diables qui devraient ne pas savoir lire ! Sais-tu ce que deviennent nos malheureux écrits ? Les Russes s’en servent pour allumer leurs cigares !

— Impossible !

— Quand nous avons pris ce satané bastion qu’on voit là-bas… Dumnezeù ! [1] il y faisait chaud, et rien qu’en y pensant…

— Eh bien ! fit Ioan, quel rapport y a-t-il…

— M’y voici, dit Sloboziano en faisant claquer sa langue. Caché derrière un mur, le général K… faisait le beau avec une cigarette à la bouche, tandis que ça pleuvait sur nous. Il demanda, du ton le plus naturel, une allumette au capitaine Xénianine… Une allumette ! autant valait demander un œuf frais ! Le capitaine tira de sa poche un briquet et un papier sali, plié comme une lettre.

— Vous me sacrifiez un billet doux, capitaine ? fit ce

  1. Seigneur Dieu !