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Page:Marie Nizet - Le capitaine vampire.djvu/79

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gros poussah en minaudant. — Dans tous les cas, le poulet n’est ni de moi, ni à moi, dit Xénianine en dépliant la lettre. « Iubita mea[1] » épela-t-il avec quelque difficulté, c’est du roumain, sans doute ?…

Il continua tranquillement de rouler le papier et le présenta tout enflammé au général. Iubita mea une lettre d’amour ! Peut-être était-ce une des miennes : je commence toujours ainsi !

— Serait-elle malade ? continua Isacesco.

— Bah ! ne t’occupe pas de construire d’inutiles hypothèses. On n’expédie pas les lettres que nous écrivons, pourquoi nous remettrait-on celles qui nous sont adressées ?

— Eh ! camarades, leur cria Scarlatos Romanesco, on dit que nous verrons les bachi-bouzouks, cette nuit.

— Fière arme que leur yatagan !

— Ça vous découd un homme !… Voyez plutôt, dit-il en découvrant son bras qui portait une blessure longue de plus de vingt centimètres, mais ils me le payeront, les coquins !

En ce moment la fenêtre éclairée s’ouvrit.

— Envoyez-moi le lieutenant Zaharios ! cria le colonel Leganesco.

— Mon colonel, le lieutenant Zaharios ne peut pas marcher.

— Comment ? Est-ce que…

— Mon colonel, il marchera, si vous l’exigez, mais… ce ne sera pas bien droit.

— Il est encore ivre ?…

— Depuis deux jours, mon colonel… et il en redemande !

  1. Ma bien aimée.