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Page:Marie Nizet - Le capitaine vampire.djvu/80

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Leganesco laissa échapper une expression plus énergique que bienséante.

— Il faut pourtant que j’aie un secrétaire, murmura-t-il ; et il paraissait examiner une à une les figures des dorobantzi réunis sous ses fenêtres.

— Isasesco, dit-il tout d’un coup, montez près de moi : nous travaillerons ensemble.

— Heureux gaillard ! s’écrièrent en chœur les soldats quand la porte se fut refermée sur leur camarade : il n’aura pas à compter avec les bachi-bouzouks !

Une vulgaire chandelle de suif, fichée dans une bouteille, éclairait de sa lumière douteuse une vaste chambre au milieu de laquelle on voyait une table surchargée de paperasses.

— Asseyez-vous, mon garçon, dit Leganesco à son secrétaire improvisé, et faisons vite !

Ioan obéit.

« Au général de brigade Lupu… » dicta le colonel.

Pendant plus d’une heure on n’entendit que le bruit de la plume frôlant le papier et les cris lointains des sentinelles avancées. Mais bientôt tout parut s’animer au dehors, un cheval ruisselant de sueur s’arrêta au seuil de la résidence et, presque au même instant, la porte de la chambre s’ouvrit et un Cosaque, porteur d’une enveloppe cachetée aux armes impériales, entre sans plus de cérémonie qu’au corps de garde.

Leganesco, qui prisait fort peu les façons cavalières que les Russes avaient mises en usage, leva la tête et d’un ton horriblement bourru : — Qu(est-ce ? dit-il en russe.

Le Cosaque s’inclina gauchement : — C’est in message de S. A. I. le grand-duc Nicolas adressé au prince Boris Liatoukine.

— Le prince Liatoukine n’est pas ici. Continuez, Isa-