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Page:Marie Nizet - Le capitaine vampire.djvu/82

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— Peste ! fit Mitica, as-tu de la chance, toi ! Tout à l’heure, secrétaire ; maintenant, courrier impérial ! Mon cher, tu portes dans ta poche ton brevet d’officier !

— J’aimerais mieux une lettre de Mariora ! dit-il en souriant, et il piqua des deux vers la campagne.

Cependant, à l’autre extrémité de la ville, quatre officiers se promenaient au clair de la lune. Trois d’entre eux paraissaient être dans cet état de gaîté qui suit ordinairement un dîner copieux, largement arrosé de vins choisis. Ils allaient de côté et d’autre, titubant un peu, sans but déterminé, quand ils aperçurent, venant à eux, une ombre dont l’allure devait leur être familière, car ils se mirent à la hêler en ces termes :

— Eh ! Ioury Mikaïlovitch ! où vas-tu ainsi solitaire ?

— Nulle part, hélas ! soupira Ioury Levine. Et vous-mêmes ?

— Nous ? fit Bogoumil en allongeant les lèvres, nous nous ennuyons et sommes en quête de divertissements.

— Une denrée qui n’est pas commune sur la place ! ajouta Stenka.

— Nous cherchons un Roumain, ronfla la basse-taille de Liatoukine, un petit Roumain… pour le faire danser !

— Quel heureux hasard ! s’écria Levine ; venez par ici : il y a là, derrière ce monticule, une sentinelle de nos amis, et, vraiment, vous ne pourriez choisir mieux.

Et, comme pour confirmer les paroles d’Ioury, une voix presque féminine fit entendre le cri de garde : Cine e acolo ? [1].

Prieteni ! [2] cria Liatoukine. Et ils s’avancèrent.

— Justement, dit Bogoumil heurtant du coude ses

  1. Qui va là ?
  2. Amis !