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Page:Marivaux - Théâtre, vol. I.djvu/116

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détourner. Peut-être même m’aurait-il pris fantaisie de vous prier de chercher avec moi, puisque vous vous trouvez là ; car je n’aurais pas deviné que ma présence vous affligeait ; à présent que je le sais, je n’userai point d’une prière incivile. Fuyez vite, monsieur ; car je continue.

Lélio.

Madame, je ne veux point être incivil non plus ; et je reste, puisque je puis vous rendre service. Je vais chercher avec vous.

La Comtesse.

Non, monsieur, ne vous contraignez pas ; allez-vous-en. Je vous dis que vous me haïssez ; je vous l’ai dit, vous n’en disconvenez point. Allez-vous-en donc, ou je m’en vais.

Lélio.

Parbleu ! madame, c’est trop souffrir de rebuts en un jour ; et billet et discours, tout se ressemble. Adieu, donc, madame, je suis votre serviteur. (Il sort.)

La Comtesse.

Monsieur, je suis votre servante. Mais à propos, cet étourdi qui s’en va, et qui n’a point marqué positivement dans son billet ce qu’il voulait donner à sa fermière ! Il me dit simplement qu’il verra ce qu’il doit faire. Ah ! je ne suis pas d’humeur à mettre toujours la main à la plume. Je me moque de sa haine, il faut qu’il me parle. (Dans l’instant elle part pour le rappeler, quand il revient lui-même.) Quoi ! vous revenez, monsieur ?

Lélio, d’un air agité.

Oui, madame, je reviens ; j’ai quelque chose à vous dire ; et puisque vous voilà, ce sera un billet d’épargné et pour vous et pour moi.