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Page:Marivaux - Théâtre, vol. I.djvu/117

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La Comtesse.

À la bonne heure ; de quoi s’agit-il ?

Lélio.

C’est que le neveu de votre fermier ne doit plus compter sur Jacqueline. Madame, cela doit vous faire plaisir ; car cela finit le peu de commerce forcé que nous avons ensemble.

La Comtesse.

Le commerce forcé ? Vous êtes bien difficile, monsieur, et vos expressions sont bien naïves ! Mais passons. Pourquoi donc, s’il vous plaît, Jacqueline ne veut-elle pas de ce jeune homme ? Que signifie ce caprice-là ?

Lélio.

Ce que signifie un caprice ? Je vous le demande, madame ; cela n’est point à mon usage, et vous le définiriez mieux que moi.

La Comtesse.

Vous pourriez cependant me rendre un bon compte de celui-là, si vous vouliez ; il est de votre ouvrage apparemment. Je me mêlais de leur mariage ; cela vous fatiguait ; vous avez tout arrêté. Je vous suis obligée de vos égards.

Lélio.

Moi, madame !

La Comtesse.

Oui, monsieur. Il n’était pas nécessaire de vous y prendre de cette façon. Cependant je ne trouve point mauvais que le peu d’intérêt que j’avais à vous voir vous fût à charge ; je ne condamne point dans les autres ce qui est en moi ; et, sans le hasard qui nous rejoint ici, vous ne m’auriez vue de votre vie, si j’avais pu.