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Page:Marivaux - Théâtre, vol. I.djvu/121

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Lélio.

Morbleu ! madame, vous êtes une dame raisonnable, à la bonne heure. Mais accordez donc cette lettre avec vos offres d’amitié ; cela est inconcevable : aujourd’hui votre ami, demain rien ! Pour moi, madame, je ne vous ressemble pas, et j’ai le cœur aussi jaloux en amitié qu’en amour ; ainsi nous ne nous convenons point.

La Comtesse.

Adieu, monsieur ; vous parlez d’un air bien dégagé et presque offensant. Si j’étais vaine cependant, et si j’en crois Colombine, je vaux quelque chose, à vos yeux mêmes.

Lélio.

Un moment ; vous êtes de toutes les dames que j’ai vues celle qui vaut le mieux ; je sens même que j’ai du plaisir à vous rendre cette justice-là. Colombine vous en a dit davantage ; c’est une visionnaire, non seulement sur mon chapitre, mais encore sur le vôtre, madame ; je vous en avertis. Ainsi n’en croyez jamais au rapport de vos domestiques.

La Comtesse.

Comment ! Que dites-vous, monsieur ? Colombine vous aurait fait entendre… Ah ! l’impertinente ! je la vois qui passe. Colombine, venez ici.



Scène VIII

LA COMTESSE, LÉLIO, COLOMBINE.
Colombine.

Que me voulez-vous, madame ?