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Page:Marivaux - Théâtre, vol. I.djvu/122

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La Comtesse.

Ce que je veux ?

Colombine.

Si vous ne voulez rien, je m’en retourne.

La Comtesse.

Parlez ; quels discours avez-vous tenus à monsieur sur mon compte ?

Colombine.

Des discours très sensés, à mon ordinaire.

La Comtesse.

Je vous trouve bien hardie d’oser, suivant votre petite cervelle, tirer de folles conjectures de mes sentiments, et je voudrais bien vous demander sur quoi vous avez compris que j’aime monsieur, à qui vous l’avez dit ?

Colombine.

N’est-ce que cela ? Je vous jure que je l’ai cru comme je l’ai dit, et je l’ai dit pour le bien de la chose. C’était pour abréger votre chemin à l’un et à l’autre ; car vous y viendrez tous deux ; cela ira là ; et si la chose arrive, je n’aurai fait aucun mal. À votre égard, madame, je vais vous expliquer sur quoi j’ai pensé que vous aimiez…

La Comtesse, lui coupant la parole.

Je vous défends de parler.

Lélio, d’un air doux et modeste.

Je suis honteux d’être la cause de cette explication-là ; mais vous pouvez être persuadée que ce