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Page:Marivaux - Théâtre, vol. I.djvu/234

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Arlequin.

Bonjour, m’amie ; c’est ce faquin qui dit qu’il vous aime depuis deux ans.

Flaminia.

Cela se peut bien.

Arlequin.

Et vous, m’amie, que dites-vous de cela ?

Flaminia.

Que c’est tant pis pour lui.

Arlequin.

Tout de bon ?

Flaminia.

Sans doute ; mais est-ce que vous seriez fâché que l’on m’aimât ?

Arlequin.

Hélas ! vous êtes votre maîtresse ; mais si vous aviez un amant, vous l’aimeriez peut-être ; cela gâterait la bonne amitié que vous me portez, et vous m’en feriez ma part plus petite. Oh ! de cette part-là, je n’en voudrais rien perdre.

Flaminia.

Arlequin, savez-vous bien que vous ne ménagez pas mon cœur ?

Arlequin.

Moi ! et quel mal lui fais-je donc ?

Flaminia.

Si vous continuez de me parler toujours de même, je ne saurai plus bientôt de quelle espèce seront mes sentiments pour vous. En vérité je n’ose m’examiner là-dessus : j’ai peur de trouver plus que je ne veux.