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Page:Marivaux - Théâtre, vol. I.djvu/247

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Le Prince.

Ne t’embarrasse pas de moi.

Arlequin.

Que j’ai de souci ! le voilà désolé.

Le Prince, caressant Arlequin.

Je te sais bon gré de la sensibilité que je te vois. Adieu, Arlequin ; je t’estime malgré tes refus.

Arlequin.

Monseigneur !

Le Prince.

Que me veux-tu ? me demandes-tu quelque grâce ?

Arlequin.

Non ; je ne suis qu’en peine de savoir si vous accorderai celle que vous voulez.

Le Prince.

Il faut avouer que tu as le cœur excellent !

Arlequin.

Et vous aussi ; voilà ce qui m’ôte le courage. Hélas ! que les bonnes gens sont faibles !

Le Prince.

J’admire tes sentiments.

Arlequin.

Je le crois bien ; je ne vous promets pourtant rien ; il y a trop d’embarras dans ma volonté ; mais, à tout hasard, si je vous donnais Silvia, avez-vous dessein que je sois votre favori ?

Le Prince.

Eh ! qui le serait donc ?

Arlequin.

C’est qu’on m’a dit que vous aviez coutume d’être flatté ; moi, j’ai coutume de dire vrai, et une