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Page:Marivaux - Théâtre, vol. I.djvu/364

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Peut-être que Dorante prendra du goût pour ma sœur, toute soubrette qu’elle sera, et cela serait charmant pour elle.

Monsieur Orgon.

Nous verrons un peu comment elle se tirera d’intrigue.

Mario.

C’est une aventure qui ne saurait manquer de nous divertir, je veux me trouver au début et les agacer tous deux.



Scène V

SILVIA, MONSIEUR ORGON, MARIO.
Silvia.

Me voilà, monsieur ; ai-je mauvaise grâce en femme de chambre ? Et vous, mon frère, vous savez de quoi il s’agit apparemment. Comment me trouvez-vous ?

Mario.

Ma foi, ma sœur, c’est autant de pris que le valet ; mais tu pourrais bien aussi escamoter Dorante à ta maîtresse.

Silvia.

Franchement, je ne haïrais pas de lui plaire sous le personnage que je joue ; je ne serais pas fâchée de subjuguer sa raison, de l’étourdir un peu sur la distance qu’il y aura de lui à moi. Si mes charmes font ce coup-là, ils me feront plaisir : je les estimerai. D’ailleurs, cela m’aiderait à démêler Dorante. À l’égard de son valet, je ne crains pas ses soupirs ; ils n’oseront m’aborder ; il y aura