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Page:Marivaux - Théâtre, vol. I.djvu/429

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Arlequin.

Pardi ! oui. La pauvre enfant ! j’ai trouvé son cœur plus doux qu’un agneau ; il n’a pas soufflé. Quand je lui ai dit que je m’appelais Arlequin, et que j’avais un habit d’ordonnance : « Eh bien, mon ami, m’a-t-elle dit, chacun a son nom dans la vie, chacun a son habit. Le vôtre ne vous coûte rien ; cela ne laisse pas d’être gracieux. »

Dorante.

Quelle sotte histoire me contes-tu là ?

Arlequin.

Tant y a que je vais la demander en mariage.

Dorante.

Comment ! elle consent à t’épouser ?

Arlequin.

La voilà bien malade !

Dorante.

Tu m’en imposes ; elle ne sait pas qui tu es.

Arlequin.

Par la ventrebleu ! voulez-vous gager que je l’épouse avec la casaque sur le corps ; avec une souquenille, si vous me fâchez ? Je veux bien que vous sachiez qu’un amour de ma façon, n’est point sujet à la casse, que je n’ai pas besoin de votre friperie pour pousser ma pointe, et que vous n’avez qu’à me rendre la mienne.

Dorante.

Tu es un fourbe ; cela n’est pas concevable, et je vois bien qu’il faudra que j’avertisse M. Orgon.

Arlequin.

Qui ? notre père ? Ah ! le bon homme ! nous l’avons dans notre manche. C’est le meilleur