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Page:Marivaux - Théâtre, vol. I.djvu/451

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Angélique.

Que souhaitez-vous, ma mère ?

Madame Argante.

Vous voyez, ma fille, ce que je fais aujourd’hui pour vous. Ne tenez-vous pas compte à ma tendresse du mariage avantageux que je vous procure ?

Angélique.

Je ferai tout ce qu’il vous plaira, ma mère.

Madame Argante.

Je vous demande si vous me savez gré du parti que je vous donne. Ne trouvez-vous pas qu’il est heureux pour vous d’épouser un homme comme M. Damis, dont la fortune, dont le caractère sûr et plein de raison, vous assurent une vie douce et paisible, telle qu’il convient à vos mœurs et aux sentiments que je vous ai toujours inspirés ? Allons, répondez, ma fille !

Angélique.

Vous me l’ordonnez donc ?

Madame Argante.

Oui, sans doute. Voyez, n’êtes-vous pas satisfaite de votre sort ?

Angélique.

Mais…

Madame Argante.

Quoi ! mais ! je veux qu’on me réponde raisonnablement ; je m’attends à votre reconnaissance, et non pas à des mais.

Angélique.

Je n’en dirai plus, ma mère.

Madame Argante.

Je vous dispense des révérences ; dites-moi ce que vous pensez.