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Page:Marivaux - Théâtre, vol. I.djvu/455

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en vous. Ne plaisez qu’à votre mari et restez dans cette simplicité qui ne vous laisse ignorer que le mal. Adieu, ma fille.



Scène VI

ANGÉLIQUE, LISETTE.
Angélique.

Qui ne me laisse ignorer que le mal ! Et qu’en sait-elle ? Elle l’a donc appris ? Eh bien, je veux l’apprendre aussi.

Lisette, survenant.

Eh bien, mademoiselle, à quoi en êtes-vous ?

Angélique.

J’en suis à m’affliger, comme tu vois.

Lisette.

Qu’avez-vous dit à votre mère ?

Angélique.

Eh ! tout ce qu’elle a voulu.

Lisette.

Vous épouserez donc M. Damis ?

Angélique.

Moi l’épouser ! Je t’assure que non ; c’est bien assez qu’il m’épouse.

Lisette.

Oui, mais vous n’en serez pas moins sa femme.

Angélique.

Eh bien, ma mère n’a qu’à l’aimer pour nous deux ; car pour moi je n’aimerai jamais qu’Éraste.

Lisette.

Il le mérite bien.