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Page:Marivaux - Théâtre, vol. I.djvu/493

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Arlequin.

Si fait ; car mes oreilles ont reconnu sa parole, et sa parole n’était pas là sans sa personne.

Blaise.

Ils ne pouviont pas se dispenser d’être ensemble.

Dorante.

Eh bien ! que se disaient-ils ?

Arlequin.

Hélas ! je n’ai retenu que les pensées, j’ai oublié les paroles.

Dorante.

Dis-moi donc les pensées.

Arlequin.

Il faudrait en savoir les mots. Mais, monsieur, ils étaient ensemble, ils riaient de toute leur force ; ce vilain chevalier ouvrait une bouche plus large… Ah ! quand on rit tant, c’est qu’on est bien gaillard.

Blaise.

Eh bien ! c’est signe de joie ; velà tout.

Arlequin.

Oui ; mais cette joie-là a l’air de nous porter malheur. Quand un homme est si joyeux, c’est tant mieux pour lui, mais c’est toujours tant pis pour un autre. (Montrant son maître.) Et voilà justement l’autre !

Dorante.

Eh ! laisse-nous en repos. As-tu dit à la marquise que j’avais besoin d’un entretien avec elle ?

Arlequin.

Je ne me souviens pas si je lui ai dit ; mais je sais bien que je devais le lui dire.