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Page:Marivaux - Théâtre, vol. I.djvu/52

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elle sera témoin de votre retraite. Pour vous, Arlequin, quand Silvia sera sortie, vous resterez avec la fée ; et alors, en l’assurant que vous ne songez plus à Silvia infidèle, vous jurerez de vous attacher à elle, et tâcherez par quelque tour d’adresse, et comme en badinant, de lui prendre sa baguette. Je vous avertis que dès qu’elle sera dans vos mains, la fée n’aura plus aucun pouvoir sur vous deux ; et qu’en la touchant elle-même d’un coup de baguette, vous en serez absolument le maître. Pour lors, vous pourrez sortir d’ici et vous faire telle destinée qu’il vous plaira.

Silvia.

Je prie le ciel qu’il vous récompense.

Arlequin.

Oh ! quel honnête homme ! Quand j’aurai la baguette, je vous donnerai votre plein chapeau de liards.

Trivelin.

Préparez-vous ; je vais amener ici la fée.



Scène XIX

ARLEQUIN, SILVIA.
Arlequin.

Ma chère amie, la joie me court dans le corps, il faut que je vous baise ; nous avons bien le temps de cela.

Silvia.

Taisez-vous donc, mon ami ; ne nous caressons pas à cette heure, afin de pouvoir nous caresser toujours. On vient ; dites-moi bien des injures pour avoir la baguette.