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Page:Marivaux - Théâtre, vol. I.djvu/542

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Frontin.

C’est une petite requête que je vous présente, et qui tend à vous prier qu’il vous plaise d’ôter Lisette à Arlequin, et d’en faire un transport à mon profit.

Le Chevalier.

Voilà cé qué c’est.

La Comtesse.

Et Lisette y consent-elle ?

Frontin.

Oh ! le transport est tout à fait de son goût.

La Comtesse.

Ce qu’il me dit là me fait venir une idée. Les petites finesses de la marquise méritent d’être punies. Voyons si Dorante, qui l’aime tant, sera insensible à ce que je vais faire. Il doit l’être, si elle dit vrai ; et je le souhaite ; mais voici un moyen infaillible de savoir ce qui en est. Je n’ai qu’à dire à Lisette d’épouser Frontin. Elle était destinée au valet de Dorante ; nous en étions convenus. Si Dorante ne se plaint point, la marquise a raison ; il m’oublie, et je n’en serai que plus à mon aise. (À Frontin.) Toi, va-t’en chercher Lisette et son père, que je leur parle à tous deux.

Frontin.

Il ne sera pas difficile de les trouver, car ils entrent.



Scène X

BLAISE, LISETTE, LE CHEVALIER, LA COMTESSE, FRONTIN.
La Comtesse.

Approchez, Lisette ; et vous aussi, maître Blaise. Votre fille devait épouser Arlequin ;