Aller au contenu

Page:Marivaux - Théâtre, vol. I.djvu/543

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mais si vous la mariez, et que vous soyez bien aise d’en disposer à mon gré, vous la donnerez à Frontin. Entendez-vous, maître Blaise ?

Blaise.

J’entends bian, madame ; mais il y a, morgué ! bian une autre histoire qui trotte par le monde, et qui nous chagraine. Il s’agit que je venons vous crier marci.

La Comtesse.

Qu’est-ce que c’est ? D’où vient que Lisette pleure ?

Lisette.

Mon père vous le dira, madame.

Blaise.

C’est, ne vous déplaise, madame, qu’Arlequin est un mal appris ; mais que les pus mal-appris de tout ça, c’est monsieur Dorante et madame la marquise, qui ont eu la finesse de manigancer la volonté d’Arlequin, à celle fin qu’il ne voulît pus d’elle ; maugré qu’alle en veuille bian, comme je me doute qu’il en voudrait peut-être bian itou, si en le laissait vouloir ce qu’il veut, et qu’en n’y boutît pas empêchement.

La Comtesse.

Et quel empêchement ?

Blaise.

Oui, madame ; par le mouyen d’une fille qu’ils appelont Marton, que madame la marquise a eu l’avisement d’inventer par malice, pour la promettre à Arlequin.

La Comtesse.

Ceci est curieux.

Blaise.

En disant, comme ça, que faut qu’ils s’épousient