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Page:Marivaux - Théâtre, vol. I.djvu/92

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Arlequin.

Ouf ! ce gibier-là mène un chasseur trop loin, je me perdrais ; tournons d’un autre côté… Allons donc… Euh ! me voilà justement sur le chemin du tigre. Maudits soient l’argent, l’or et les perles !

Colombine.

Quelle heure est-il, Arlequin ?

Arlequin.

Ah ! la fine mouche ! je vois bien que tu cherches midi à quatorze heures. Passez, passez votre chemin, ma mie.

Colombine.

Il ne me plaît pas, moi ; passe-le toi-même.

Arlequin.

Oh ! pardi ! à bon chat bon rat ! je veux rester ici.

Colombine.

Eh ! le fou, qui perd l’esprit en voyant une femme !

Arlequin.

Va-t’en, va-t’en demander ton portrait à mon maître ; il te le donnera pour rien ; tu verras si tu n’es pas une vipère.

Colombine.

Ton maître est un visionnaire, qui te fait faire pénitence de ses sottises. Dans le fond tu me fais pitié ; c’est dommage qu’un jeune homme comme toi, assez bien fait et bon enfant, car tu es sans malice…

Arlequin.

Je n’en ai non plus qu’un poulet.