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Page:Marivaux - Théâtre, vol. I.djvu/93

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Colombine.

C’est dommage qu’il consume sa jeunesse dans la langueur et la souffrance ; car, dis la vérité, tu t’ennuies ici, tu pâlis ?

Arlequin.

Oh ! cela n’est pas croyable.

Colombine.

Et pourquoi, nigaud, mener une pareille vie ?

Arlequin.

Pour ne point tomber dans vos pattes, race de chats que vous êtes. Si vous étiez de bonnes gens, nous ne serions pas venus nous rendre ermites. Il n’y a plus de bon temps pour moi, et c’est vous qui en êtes la cause. Malgré tout cela, il ne s’en faut de rien que je ne t’aime. La sotte chose que le cœur de l’homme !

Colombine.

Cet original dispute contre son cœur, comme un honnête homme.

Arlequin.

N’as-tu pas de honte d’être si jolie et si traîtresse ?

Colombine.

Comme si on devait rougir de ses bonnes qualités ! Au revoir, nigaud, tu me fuis, mais cela ne durera pas.