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Page:Marquiset,À travers ma vie,1904.djvu/122

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riage le bonheur idéal qu’elle avait rêvé. Je l’ai revue plusieurs fois depuis mon départ de Besançon, mais jamais elle n’est redevenue, pour moi du moins, Virginie Nodier. Il n’est donc pas absolument vrai


Que l’on revient toujours
À ses premiers amours.


À la fin de mon premier mois d’installation à Versailles, je me décidai, sur de récentes instances de ma mère, à aller faire à Paris une visite qui m’effrayait fort ; c’était celle à ma marraine la marquise de Montcalm qu’une crainte irréfléchie me poussait à retarder sans cesse. Aborder seul, sans un introducteur bienveillant, une aussi grande dame, sœur du premier ministre de l’époque, me semblait une démarche au-dessus de mes forces. Tant d’autres à ma place eussent été si fiers, si heureux, d’avoir une telle protectrice, de pouvoir s’en vanter partout, qu’ils seraient entrés dans le salon de Mme de Montcalm avec autant d’assurance que chez leur lingère. Je n’ai jamais été de cette trempe-là, mais j’avouerai pourtant que j’ai vu réussir dans le monde beaucoup d’étourneaux et de vantards effrontés qui ne doutaient de rien.

Annoncé chez Mme de Montcalm par un valet de pied en bas blancs, en habit français avec des aiguillettes, ma surprise fut grande lorsqu’au milieu d’un luxe si nouveau pour moi, je vis cette femme de la plus rare distinction me recevoir comme une simple mortelle, me mettre parfaitement à mon aise, et m’in-