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Page:Marquiset,À travers ma vie,1904.djvu/123

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terroger pendant plus d’une heure avec bonté, sur ma mère, sur les miens et sur moi. Elle me donna ensuite quelques sages conseils sur ma tenue, sur les dangers de Paris, sur la conduite enfin que je devais mener pour me rendre digne de la bienveillance de son frère et de la sienne, etc. Je pris congé d’elle, en lui demandant la permission de venir la revoir dans huit jours. Plus tard, j’aurais dit : de venir lui faire la cour.

La connaissance était faite ; je me trouvais heureux de mon début, et je ne me sentais plus embarrassé pour reparaître devant la porte de cet hôtel, dont j’avais hésité, un moment avant, à soulever le marteau. À ma seconde visite, Mme de Montcalm me présenta à son frère, qui était entré chez elle presque en même temps que moi.

Le duc de Richelieu (Armand-Emmanuel Duplessis), petit-neveu, par les femmes, du célèbre cardinal, né à Paris en 1566, était le petit-fils du maréchal de Richelieu, l’Alcibiade français, comme dit M. de Lamartine. Après avoir émigré en 1789, il alla en Russie, servit avec distinction contre les Turcs, obtint la faveur de l’impératrice Catherine, puis de l’empereur Alexandre, fut nommé gouverneur d’Odessa, et chargé, peu après, du gouvernement de la nouvelle Russie, la Crimée, où il introduisit la civilisation. Rentré en France, en 1814, à l’âge de quarante-huit ans, il fut nommé, à la fin de 1815, ministre des affaires étrangères et président du conseil.