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Page:Marquiset,À travers ma vie,1904.djvu/46

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amis vous en montrent le côté ridicule, plus on y persiste.

Lefaivre avait une sœur qui épousa en premières noces M. Musely, sous-lieutenant au 2e régiment suisse de la garde royale et qui, d’un second mariage, eut une fille, Idalie, idéale enfant dont les yeux profonds donnaient le vertige. Elle se maria en 1840 avec M. de Courteil, lieutenant d’infanterie. Je voyais beaucoup à Paris ce charmant ménage, mais depuis 1845, je n’ai jamais plus rencontré ma cousine de Courteil. Ainsi va la vie.


Grâce à l’air du pays natal, ma taille augmentait chaque jour, mais mon accent comtois en faisait autant, et mon père effaré m’envoya passer un an dans une école de Troyes, espérant que la société des jeunes Champenois me ferait perdre jusqu’à la dernière trace de ce terrible accent. Pendant ce temps, mes deux frères, Achille et Alphonse, partaient pour un pensionnat de Colmar dans le but d’apprendre l’allemand. Le résultat de ce double déplacement a été médiocre, car mes frères parlent fort ordinairement l’allemand et je n’ai jamais pu perdre tout à fait notre national roulement des r.

Après avoir quitté Troyes, j’entrai, au commencement de l’année scolaire de 1809, au lycée de Besançon, où mes deux frères ne me rejoignirent que deux ans plus tard et où mon troisième frère, Alfred, n’entra qu’en 1815. L’esprit qui y régnait nous faisait détester